Longtemps, Naturalia et Artificialia étaient confinées dans des placards bien gardés. Non par punition, mais par crainte qu’en étant trop exposée, leur aura ne ternisse, leur pureté ne se tache. Enfermés à double-tour, leurs secrets n’étaient révélés qu’en de rares occasions à une poignée privilégiée. Les simples mortel.x.s étaient refoulé.x.s aux portes des cabinets.

Protégé par sa membrane aseptisée, le white cube contemporain se préserve lui aussi des germes extérieurs. L’œuvre attend, offerte devant l’autel du modernisme comme une éternelle fiancée. Elle ne voit défiler que des prétendants désincarnés; des regards spectraux, flottant au-dessus des vicissitudes du monde réel. Seule l’âme stérilisée ne peut entrer. L’idéal du white cube, c’est un art dématérialisé.

Dans le monde d’ici-bas, soumis au temps, aux virus et aux accidents, l’art est un organisme vivant. S’inspirant de la Boîte-en-valise (1936-1941) de Duchamp, ce musée portatif d’œuvres miniatures, « La Boîte » ne craint ni les microbes ni les secrets dévoilés. Exposées les unes aux autres, les 28 œuvres tapissent les murs d’un tissu contagieux, se propageant jusqu’à notre champ de vision.

Texte : Marie Lucas Scarpa


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